Nous entretenons une relation ambiguë avec la technologie. Nous l’aimons ou la
détestons, nous en sommes tantôt reconnaissants tantôt plein de regrets face à
la place qu’elle occupe dans notre quotidien. Elle représente un terrain fertile
pour les fantasmes ou les angoisses.

L’idée de MILA, c’est d’aller explorer ce terrain et le conquérir, en faisant vivre
au spectateur un cauchemar, celui de Joan Toledo, le personnage principal. Un
jeune adulte dépassé par son existence, atteint d’un trouble de l’anxiété
généralisé, qui a recours à l’intelligence artificielle pour se soigner.

Comment-un utilisateur fait entrer dans sa vie des outils connectés pour améliorer son
quotidien, comment il donne son consentement pour qu’une machine accède
aux parties les plus intimes de sa vie : ses pensées, ses peurs, ses habitudes, sa
couleur préférée ou son rythme cardiaque, sa température corporelle ou son
numéro de sécu – c’est ce que j’essaye de comprendre.

Si vous souhaitez entrer en thérapie, vous êtes libre d’essayer et de vous arrêter.
Si vous souhaitez acheter un produit sur internet, vous êtes libres de le renvoyer.
Tant que les conditions générales l’indiquent. Et nous retrouvons ces conditions
dans tout ce que nous faisons au quotidien. Nous signons des contrats, écrits,
oraux, implicites ou non. Que se passerait-il si la thérapie était à la fois conçue
comme un engagement et un produit ? Si elle était soumise à la fois à une
clause morale et un délai de rétractation précis ?

MILA est un court-métrage aux allures de dystopie, avec une esthétique
proche du cinéma d’anticipation, mais je souhaite conserver un traitement
sensible de l’histoire, pour évoquer un parcours de vie vraisemblable et inspiré de faits réels dans la vie
d’une personne touchée par la dépression ou l’anxiété. Joan, le personnage principal, est une personne ordinaire
lestée d’une souffrance hors norme.

En terme de réalisation, l’amusement prime. J’ai porté mon attention à créer des ambiances lumineuses versatiles aux images des états d’âme de Joan, ses coups de blues et ses espoirs, ses tempêtes et ses accalmies. Un
rythme dynamique de montage associé à des mouvements de caméra comme le
travelling, le pan rapide et le dutch angle pour appuyer le côté
cauchemardesque du récit. J’ai imaginé une application que nous avons conçu pour le film, Harmonie.

Le son de manière générale occupe une partie importante du film : voix-off du personnage, voix de l’intelligence artificielle, nous avons aussi créé une bande son originale pour approfondir l’univers du film.