J’ai voulu me pencher sur le cas d’enfants autistes longtemps considérés comme des personnes à part. Lors de mon parcours d’adolescente, j’en ai rencontré deux qui m’ont énormément émue.
L’un deux, dans ma classe, m’avait intrigué : son apparence générale ne montrait pas sa particularité ; cependant, je me souviens qu’il reproduisait, jour après jour, la même approche des gens et des choses de la vie de façon obsessionnelle. J’ai appris que les enfants autistes pouvaient être bien plus intelligents que la plupart d’entre nous, parce qu’ils savent se fixer et se concentrer jusqu’à maîtriser le seul sujet qui les préoccupe, sans s’inquiéter de ce qui les entoure, contrairement à la plupart des gens dont l’attention se porte sur un environnement multiple.
L’autre cas m’avait bouleversée : il était atteint d’un autisme très élevé et ne pouvait communiquer ; ses seules réactions pouvaient rester incomprises ; nous aurions pu l’associer à un handicap de trisomie 21 qui n’en était pourtant pas un. L’enfant semblait perdu au milieu de gens dits « normaux » : je pouvais ressentir sa détresse à travers son regard si profond qui avait captivé mon attention et mon intérêt pour sa personne. Beaucoup de gens le craignaient comme la peste, comme s’il allait les contaminer et évitaient de l’approcher ; j’en fus très peinée car il ne recherchait qu’un peu d’affection et d’attention. Malheureusement, le sort s’est acharné sur lui en le privant d’une vie remplie d’un amour parental incomparable.
L’enfant de mon histoire est une pure invention basée sur la relation qui existe entre les autistes et le monde qui les entoure. Marc est un jeune autiste qui communique avec les autres difficilement, ayant par là même des particularités qui font de lui un être introverti. En restant chez lui, son refuge, il découvre le monde d’internet et se fait très vite aux difficultés que peut rencontrer le commun des mortels. Sa mémoire n’est orientée que sur ce qui l’intéresse ; de ce fait, il devient alors progressivement un vrai génie de l’informatique en se classant au rang des Hackers. Par ailleurs, je veux présenter son autisme comme une intelligence que beaucoup ne décèlent pas. Mon héros ne se sert pas de sa différence comme d’un handicap mais comme d’une surcapacité. L’autisme est aussi un exemple parmi d’autres car tout le monde a des faiblesses. Ma théorie sur le sujet est basée sur la force qu’un autiste peut acquérir par son courage et sa détermination. C’est aussi un message d’espoir pour ceux qui n’y croient pas alors que tout est vraiment possible.
Au début, l’histoire se passe dans la chambre de Marc qui s’adresse au public en parlant à travers ses pensées, en voix off ; ce procédé permet au téléspectateur de faire partie de l’histoire en devenant le confident de Marc.
L’ambiance familiale qui règne autour de lui est sécurisante, rassurante. Il raconte qu’il s’introduit grâce à son génie dans un dossier très spécial qui met en jeu la vie de certains
citoyens définis comme ne correspondant pas à la norme fixée par une section secrète d’un gouvernement étranger. D’autres personnages prennent vie au sein même de cette cellule gouvernementale qui va découvrir qu’un enfant « faible » a réussi l’impossible. Au fil du court-métrage, l’atmosphère se durcit et devient plus lourde pour aboutir à une fin à la fois malheureuse et pleine d’espoir.
Le projet humanitaire 622 de mon histoire est une pure invention, toutefois inspirée de faits d’actualité qui ont fait scandale, il y a quelques années et récemment, comme le fait d’avoir caché l’existence de certains placébos expérimentés et commercialisés.
Par ailleurs, je voulais aussi mettre en avant le côté héroïque et non victime de la situation. Les films pour enfants, mettent en scène des petits héros sans handicap qui sauvent le monde. Mais dans la quasi-totalité des films où les autistes sont les principaux personnages, ceux-ci sont présentés de manière à être épaulés ou sauvés d’une situation. Dans le cas de Marc, personne ne l’aide et c’est lui seul qui sauve le monde. C’est un autre message d’espoir pour valoriser des enfants – quel que soit leur handicap – qui pourraient rêver d’être des héros sans pour autant être considérés comme « normaux ».
Marc fait partie de ces garçons qui n’attirent ni l’attention, ni l’intérêt, qui n’ont pas leur place dans le monde, alors qu’ils ont autant de projets dans leur tête que n’importe lequel d’entre nous. Parfois, leur handicap effraie et fait que très peu de gens font l’effort de s’intéresser à eux. Ils ont beaucoup plus de choses à nous apprendre que l’on imagine, parce qu’ils sont vrais et sincères. Je souhaiterais démontrer sur écran ce que je vois derrière ces incompris qui ne sont, comme vous et moi, que des humains.